Vous arrivez enfin à la salle du sabotier. Le sabot, c’est un type de chaussure qui est réalisé uniquement à partir de bois. Du fait de sa qualité, de sa durabilité et de son faible coup, il a été au XVIIIe et au XIXe siècle la « chaussure » préférée des classes ouvrières et agricoles. Le terme « sabot » est aussi parfois employé par extension pour désigner les galoches. Ces chaussures ont été créées dans le but de garder la fonctionnalité des sabots tout en offrant plus de confort aux pieds grâce à une partie supérieure de la chaussure en cuir plutôt qu’en bois.
Le sabotier débitait, travaillait un morceau de bois vert afin de lui donner la forme du sabot adapté à la pointure de la personne qui en avait commandé une paire. La création de la paire en question pouvait lui prendre deux jours de travail.
Avec le paroir lo cotèl, cet outil au nom si particulier qui se trouve à votre gauche en entrant dans la pièce, le sabotier façonnait les morceaux de bois qu’il avait coupés à la hache pour leur donner la forme des sabots qu’il souhaitait.
Puis, avec l’ensemble des outils que vous voyez dans cette pièce (le boutoir, la talonnière ou encore les cuillères), il creusait l’intérieur du sabot en prenant soin de respecter la pointure et la forme du pied qui devrait chausser les sabots tout en prenant en compte le fait que le sabot allait rétrécir une fois son bois séché.
Après d’éventuelles modifications supplémentaires comme des décorations que le sabotier gravait à la rainette. Le sabotier laissait le bois sécher. Le sabot était prêt à être enfilé.
Pour l’anecdote, c’est du sabot que vient le terme « sabotage ». Pendant la Révolution Industrielle vers la fin du XIXe siècle, les conditions de travail des ouvriers des pays industrialisés s’étaient considérablement dégradées. Un ouvrier pouvait travailler une soixantaine d’heures par semaine pour un faible salaire alors que les législations en place dans ces pays comme la France offrait souvent une grande marge de manœuvre au patronat pour « casser » tout mouvement d’opposition. Par exemple, si des ouvriers faisaient grève, l’employeur pouvait embaucher d’autres ouvriers à la journée pour que la production de l’usine n’en soit pas affectée.
Afin de rendre inefficaces de telles pratiques, des intellectuels de gauche comme Émile Pouget firent la promotion d’actions de « sabotage », c’est-à-dire qu’ils encouragèrent les ouvriers grévistes à utiliser leurs sabots pour casser les machines. Ainsi, même si l’employeur embauchait d’autres ouvriers à la journée, la production ne pourrait reprendre qu’après la réparation des machines sabotées, permettant ainsi aux mouvements ouvriers de faire pression sur le patronat afin que leurs revendications soient prises en compte.
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