Vous voici désormais dans la salle consacrée au travail du maréchal-ferrant et à celui du rétameur. Qu’est-ce qu’un maréchal-ferrant ? Il s’agit le plus souvent d’un forgeron généraliste qui s’occupe de divers travaux de « maréchalerie ». Par exemple, il répare les outils agricoles, il rénove les parties métalliques des instruments aratoires et il peut même créer des outils répondant à des besoins particuliers. C’était le cas de Fernand Moly. Mais avant tout, on définit le maréchal-ferrant comme étant celui qui ferre les chevaux.
Pourquoi ferrer un cheval en premier lieu ? À l’état sauvage, un cheval se déplacera juste assez pour que la croissance naturelle du sabot compense son usure due à la marche. Mais un cheval domestique est souvent bien plus sollicité, notamment s’il est utilisé pour des travaux agricoles. Ferrer un cheval est donc un moyen de protéger ses sabots d’une usure excessive.
Quant un maréchal-ferrant ferre un cheval, il commence par enlever les fers qui avaient été fixés auparavant aux sabots du cheval si celui-ci en avait. Ensuite, le maréchalferrant coupe la corne des sabots. C’est comme s’il coupait les ongles du cheval. Une fois la corne suffisamment coupée et les sabots lissés, il va alors concevoir les fers en leur donnant la forme appropriée, chaque sabot étant en effet de dimensions différentes. Enfin, les fers sont cloués aux sabots du cheval.
La date exacte de l’invention du fer à cheval n’est pas connue mais des textes mentionnent son existence à partir du Xe siècle. Au cours du Moyen-Âge, l’usage du fer à cheval se diffuse et les techniques qui lui sont liées se complexifient. Les premiers traités abordant la maréchalerie voient le jour au XVIIe siècle.
Le cheval était alors un élément incontournable de l’activité agricole, militaire et des transports et le travail de maréchal-ferrant était très important. Ce n’est qu’au XXe siècle que la mécanisation de ces secteurs d’activité fit perdre à cet animal son attrait en dehors du domaine du loisir. Par conséquent, le nombre de maréchaux-ferrants diminua lui aussi.
Comme vous pouvez le voir dans la vitrine se trouvant en haut de l’escalier qui mène au rez-de-chaussée, il existe plusieurs types de fer. Le cheval n’est pas le seul animal que l’homme a employé à des fins d’agriculture, militaires ou autres. C’est pourquoi le maréchal-ferrant crée aussi des fers pour les ânes ou les bœufs. Il lui arrive aussi de créer de véritables fers orthopédiques pour les chevaux comme le fer à œuf que vous pouvez voir dans la vitrine et qui permet de renforcer le « talon » du cheval afin qu’il supporte mieux les diverses pressions.
Dans les vitrines qui longent cette pièce sont présentés certains des outils les plus emblématiques du travail du maréchal-ferrant comme, par exemple, le boutoir qui sert à rogner la corne du sabot ou le brochoir, un petit marteau utilisé pour retirer les clous fixant un fer à un sabot.
Certains de ces objets sortent toutefois du lot pour diverses raisons. Ainsi, les anneaux nasaux, la moraille ou le tord-nez sont enfoncés dans les narines d’un cheval ou d’un autre animal et utilisés pour obliger l’animal à suivre des instructions précises.
Le coupe-queue, du fait de sa fonction, interpelle. Il était utilisé sur de jeunes poulains qui étaient destinés à des opérations de trait. En leur coupant la queue à l’aide de cet outil, on s’assurait ainsi qu’elle ne gênerait pas l’attelage.
Certains objets visibles dans ces vitrines témoignent d’un autre aspect de la profession de maréchal-ferrant, celui premier vétérinaire auprès des chevaux. Une des tâches du maréchal-ferrant est effectivement de veiller à la bonne santé des animaux dont il a la charge. En témoignent des outils comme le clystère qui servait à faire des lavements au cheval, la râpe dont le maréchal-ferrant usait pour égaliser les dents du cheval ou encore la cautère qui, après avoir été chauffée au rouge, était appliquée sur des plaies pour les brûler ou les désinfecter.
Si cette pièce fait la part belle à la présentation du travail du maréchal-ferrant, une place a été gardée pour celui du rétameur. À une époque où les classes populaires possédaient beaucoup moins d’objets, chaque foyer gardait la moindre casserole, la moindre ferblanterie abîmée ou cassée en attendant le passage du rétameur. Le rétameur passait par chaque commune et réparait ces objets avec sa forge mobile juste assez puissante pour faire fondre de l’étain comme celles qui sont exposées près de la cage d’escalier.
La venue du rétameur dans un village était non seulement événement bienvenu pour les foyers mais aussi l’occasion de rompre la routine dans ces communes souvent assez isolées.
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